Je me suis toujours demandé si l’habitude de prendre son repas en photo venait du Japon. Certainement parce que la toute première personne que j’ai vu faire cela, et ce régulièrement, était une Japonaise vivant en France, il y a un dizaine d’années.
Quoiqu’il en soit, moi aussi, je sacrifie à la chose de temps à autres, comme par exemple une photo de mon repas du 12 novembre prochain.
Oui, oui, vous avez bien lu, je n’ai pas fait d’erreur.
Mais voyez plutôt :
Il s’agit du « restaurant le plus lent du monde ». Il y a huit jours, je m’y suis rendu, et on m’a donné cette pousse de je ne sais trop quel légume. Je l’ai plantée quelques minutes plus tard, et je mangerai le légume en provenant le 12 novembre.
Tout cela s’inscrit dans un projet durant deux mois sur Megijima, et donc jusqu’au 12 novembre, dont le but, au-delà d’être artistique, est de nous reconnecter avec la nourriture, c’est-à-dire ce qu’elle est avant d’être dans notre assiette. Et aussi de nous faire réfléchir sur la provenance de tout ce que nous mangeons.
Ce projet s’appelle REAL time FOOD et il est mené à bien par Patrick Lydon, Suhee Kang et Kaori Tsuji.
Ils organisent divers ateliers tous les samedis (mais sont sur place en permanence ou presque), et même si ce projet ne fait pas partie de la Triennale de Setouchi, je vous conseille vraiment d’y jeter un oeil lors de votre visite de Megijima en octobre prochain, si vous venez. Le projet, ses ateliers et expositions sont situés au Oni Café & Gallery, sur la plage, à une dizaine de minutes à pied du port.
Malheureusement je n’aurai pas trop le temps de décrire le projet en français, mais je vous conseille de jeter un œil à mon blog anglophone où j’entre plus dans les détails :
- Présentation du projet. (cet article contient tous les liens vers les sites importants liés à ce projet)
- Premier atelier la semaine dernière.
Je sais, c’est un peu frustrant pour les non-anglophones parmi vous, mais je n’aurai vraiment pas le temps d’écrire ces articles en deux fois en ce moment. J’ai donc fait le choix de l’anglais vu que c’est une des deux langues dans lesquelles le projet est mené (l’autre étant bien évidemment le japonais). Si tout cela vous intéresse, mais vous ne maîtrisez pas assez l’anglais pour suivre, faites-moi signe et fin novembre, je ferai un article synthèse en français ici même. Qu’en pensez-vous ?
En savoir plus sur Ogijima
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La description succincte que tu fais du projet est intéressante ; je file sur tes pages anglaises pour assouvir ma soif de curiosité.
File, file… 🙂
🙂 j’adore ce projet, c’est une chouette démarche.
J’espère que tu te régaleras le 12 novembre.
Quelle bonne idée ! Moi qui ne sait même pas ce que je vais manger ce soir !
Tu as intérêt à bien t’en occuper si tu ne veux pas jeûner le 12 novembre. Par avance : bon appétit !
C’est pas moi qui m’en occupe entre maintenant et novembre (quoique rien ne m’empêche d’aller donner un coup de main sur place si je le souhaite).
Mais toutefois, l’idée est justement de nous rapprocher de ce que l’on mange et de nous faire réfléchir sur une chose comme la nourriture, qui n’est pas un sujet sur lequel on le fait beaucoup.
En France, ça va encore, au Japon, aussi à peu près, mais aux US, la nourriture est en train de disparaître pour laisser place à des « produits consommables » et ça ne va pas tarder à être la même chose partout, surtout avec les accords de type TPP or TAFTA qui se signent dans notre dos de plus en plus.
Sans parler des conséquences écologiques, économiques, sociales de la prépondérance de la nourriture industrielle dans nos sociétés.
Je partage entièrement ton point de vue sur le rapport de notre société à la nourriture. On cite toujours l’exemple du gamin qui dessine un rectangle quand on lui demande de dessiner un poisson. C’est sûrement caricatural mais pas très éloigné de la vérité.
Heureusement je pense que la tendance – au moins en France- s’inverse.
Ça me fait penser que j’ai des graines de kabocha à planter. Bon c’est encore raté pour cette année !
Malheureusement, je pense au contraire que la tendance est à toujours plus d’industrialisation de la nourriture.
Je ne sais pas quel âge tu as, mais dans mon enfance (fin 70’s, début 80’s) la nourriture industrielle me semblait bien rare dans les supermarchés, pas la nourriture locale, ou du moins régionale.
Et si en France, on a la chance d’être autosuffisants d’un point de vue alimentaire, la nourriture est de moins en moins naturelle, de plus en plus « préparée » à l’avance.
Et si des consciences s’éveillent, elles sont encore bien trop peu nombreuses, et surtout cela veut bien dire qu’il y a une nécessité de les éveiller ces consciences. Besoin qui n’existait pas avant.
Pour les potirons, je ne saurais te dire, mais j’ai justement l’intention d’apprendre. 😉
Mon âge ? Je dois avoir une vingtaine d’année de plus que toi… Snif !
Je pense qu’en France il y a effectivement une prise de conscience. Je pense par exemple aux amap ou à ces cantines scolaires qui remettent les produits frais à leurs menus.
Évidemment tout cela reste bien marginal et il faut rester vigilant car les industriels de l’agro-alimentaire ne lâchent pas l’affaire pour nous faire bouffer leurs saloperies.
moi en tout cas je résiste !
Oui en France, il y a une prise de conscience, peut-être parce que la nourriture est une part importante de notre culture. Mais quand je dis que les choses sont pire, c’est justement parce qu’il y a besoin de cette prise de conscience de nos jours, avant elle n’avait pas lieu d’être. Maintenant, vu d’ici j’ai du mal à percevoir son ampleur.
Mais il est vrai que quand je compare avec les deux pays que je connais bien, la France est la mieux lotie.
Aux US, expliquer à la plupart des gens que la nourriture industrielle est un problème revient parfois à essayer d’expliquer la couleur rouge à un chien.
Au Japon, comme trop souvent « ignorance is bliss » : les Japonais ont bien souvent cette tendance insupportable à penser que s’ils sont ignorants d’un problème, s’ils n’en parlent pas, s’ils n’y pensent pas, alors le problème va magiquement disparaître. Et il y a de plus en plus de ça avec la nourriture. Ils mangent de plus en plus de la merde, mais ne le réalisent même pas, ne savent pas ce qui est bon ou mauvais, ou pourquoi c’est bon ou mauvais.
Deux exemples frappants avec le riz, la nourriture « sacrée » du Japon par excellence.
De temps en temps, tu entendras dire que le riz d’une région / ville / champ est meilleur qu’ailleurs. Pourquoi ? Parce qu’il est « spécial » ! En quoi il est spécial ? Personne ne saura te le dire ou te l’expliquer, pas même le producteur… Il est certainement « spécial » depuis des siècles et donc le fait qu’il est soit-disant spécial se transmet de génération en génération et personne ne s’est jamais posé la question.
À l’opposé, le Japon fait partie du TPP qui est en train d’être signé et qui est une abomination dans tous les sens possible. Je suis sûr que la grande majorité des Japonais n’ont pas la moindre idée de ce que c’est, et dans le cas particulier du riz, le TPP va certainement détruire la riziculture japonaise (très très protégée jusqu’alors, mais elle ne pourra plus l’être ensuite, surtout face au riz beaucoup moins cher d’ailleurs). Si les Japonais s’en préoccupaient, je suis sûr qu’il y aurait des émeutes dans les rues… Mais non, rien… Il y a ceux qui ne savent même pas que le TPP existe, il y a ceux qui ne savent pas de quoi ça parle, il y a ceux qui suivent le gouvernement aveuglément sans se poser de questions (comment Abe a-t-il été réélu avec 60% des voix aux dernières élections ? Mystère… Non pas du tout, juste une population qui ne vote pas et/ou qui est hypnotisée)…
/rant off
Je trouve le concept génial !
Je suis pour une petite synthèse lorsque le projet sera arrivé au bout =)
Je ferai mon possible, mais ce sera le facteur « temps disponible » qui aura le dernier mot.