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Barrage de Honen-ike à Kan’onji

Je finissais un des derniers articles postés par la photo d’un barrage sans histoire et dont je ne connais même pas le nom (en cherchant un peu, je devrais le trouver, mais ce sera pour la fois où j’écrirai dessus, ne perdons pas de temps si nous voulons arriver à écrire plusieurs articles pendant ces vacances). C’est que je cherchais en fait un autre barrage, le barrage de Honen-ike !
(prononcez: « Hoh-nein-i-ké » avec un « h » initial expiré, comme tous les « h » en japonais)

Je m’étais juste trompé de vallée, celle que je recherchais était en fait 50 kilomètres plus à l’ouest (un peu moins à vol d’oiseau). Ne riez pas, vous reconnaîtrez qu’il est difficile de connaître comme sa poche à la fois les îles et les montagnes de Kagawa. Et pour ma défense, ce jour-là j’étais parti pour le temple présenté dans l’article, le barrage n’étant qu’un bonus parce qu’il était à côté et que je voulais voir à quoi il ressemblait au cas où.

Quelques week-ends plus tard, j’ai regardé cette fois-ci sur une carte avant de partir, et hop, direction le « quartier » (en fait plutôt de la campagne et de la montagne) d’Onohara, dans le sud de Kan’onji. Il était en fait situé juste à une poignée de kilomètres à peine d’Unpen-ji, le célèbre 66e temple du Pèlerinage de Shikoku. Célèbre car le plus élevé du pèlerinage, et pour y accéder – si on ne marche pas – on a le choix entre une route de montagne tortueuse et très étroite depuis la vallée de la Yoshino, dans Tokushima au sud, ou bien un téléphérique au nord, depuis la plaine de Sanuki. Téléphérique qui a la particularité d’avoir la plus longue portée du Japon – presque deux kilomètres entre son départ et le sommet et aucun pylône entre – ainsi que d’être le plus rapide du pays : 10m/s soit 36km/h. Je ne sais pas si je vous le montrerai un jour, j’ai une phobie de ces engins-là, alors celui-ci ne me fait pas envie, mais alors pas du tout.

Mais revenons-en à notre barrage.

Quand on arrive à côté, il y a un petit parking avec point de vue, et j’avoue, je m’attendais à une vue plus intéressante (elle va venir, ne partez pas) :

Bon déjà, si vous voulez le visiter un jour et voulez prendre des photos, allez-y le matin, ou un jour sans soleil, je me suis retrouvé en situation de contre-jours sur presque toutes mes photos.

Mais au fait, pourquoi est-ce que je vous parle de ce barrage ? Qu’a-t-il de si important et de si intéressant ?

Voyez-vous, la Préfecture de Kagawa est l’une des préfectures du Japon qui reçoit le moins de précipitations. Le micro-climat presque méditerranéen de cette partie de Setouchi est bien agréable à vivre, mais pas toujours idéal pour l’agriculture. La légende veut que pendant très longtemps il était presque impossible d’y faire pousser du riz et que c’est pour cela que le blé y est devenu la céréale de choix et que ça a donné à terme les fameux udon de Sanuki. Quand j’entends ce genre d’histoires aux détails un peu vagues au Japon, sans trop de faits ni de dates, je me méfie : la réalité et la fiction ont toujours tendance à se mélanger allègrement dès qu’on leur laisse le faire dans ce pays.

Mais le fait est qu’au début du 20e siècle, avec l’industrialisation de la région, le besoin d’eau et d’irrigation se fit sentir, surtout après un certain nombre de sécheresses. De nombreux barrages furent construits à cette époque dans le pays, et c’est cette vallée qui fut choisie pour recevoir le premier barrage de la Préfecture du Kagawa.

Il fut construit, pratiquement à la main, en (grosses) briques. La construction ne prit que quatre ans (de 1926 à 1930), mais nécessita une main d’œuvre de 150,000 personnes (pas tous en même temps, hein?) et elle ne fit aucune victime, chose rare dans les constructions de barrages, surtout à l’époque, j’imagine.

Il permit donc d’irriguer la partie occidentale de Kagawa, et la préserver plus ou moins des sécheresses. Aujourd’hui encore, Kagawa dépend énormément de ses barrages (au pluriel cette fois) pour son irrigation, y compris en eau potable. D’ailleurs, même si je suppose qu’il y en a intégrés à certains bâtiments hauts dans la ville, vous ne verrez pas de châteaux d’eau à Kagawa (d’ailleurs en ai-je déjà vu au Japon ? Je me pose maintenant la question). Même si les rizières sont surtout alimentées par l’eau des rivières et de mares plus ou moins artificielles que l’on retrouve partout, l’eau courante dépend encore des barrages, et la pression exercée par sa descente dans la vallée semble suffisante pour arriver jusqu’à nos robinets. Bon, maintenant, je n’y connais rien en ingénierie civile et en irrigation, et je dis peut-être d’énormes bêtises (surtout qu’il faut bien la rendre potable cette eau avant qu’elle n’arrive dans nos robinets), mais le fait est que :

  • Parfois en été, en période de sécheresse, le niveau d’eau des barrages est surveillé de très près, et il est souvent demandé à la population de prendre garde à sa consommation.
  • En hiver, l’eau sortant du robinet est glaciale, comme si elle venait directement de la montagne, très probablement parce que c’est le cas.

Ceci étant dit, l’intérêt de ce barrage n’est pas uniquement historique, il est aussi une œuvre architecturale d’importance.

Sa construction en briques est déjà assez notable. Même s’il a quand même été renforcé par du béton du côté amont il y a quelques temps pour éviter les fuites et les accidents. De plus il s’agit du premier barrage multi-arches du Japon. Et puis, il est juste beau, je trouve. Il a aussi été classé « bien culturel important » (plus ou moins l’équivalent du « monument historique » français) il y a quelques années.

Mais trêve de paroles. Je vous disais qu’en se garant sur le petit parking au bord de la route, il était un peu décevant. C’est qu’il faut prendre l’autre route, celle qui vous conduit à son pied pour vraiment l’apprécier à sa juste valeur :

Promis, j’essaierai un jour d’y aller le matin pour prendre des photos avec la lumière qui va bien (Jordy si tu lis ça, je ne retrouve plus le tweet avec tes superbes photos).

Voila, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère poster un autre article très bientôt (avec moins de blabla et plus de photos).

Merci, si vous avez lu jusqu’ici.


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2 commentaires sur “Barrage de Honen-ike à Kan’onji”

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