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Beyond the Border(s) – The Ocean de Lin Shuen-long est une merveilleuse œuvre d’Art Setouchi qui se trouve au Sunport de Takamatsu depuis quatre ans maintenant, et je me rends compte que je n’ai jamais écrit d’article digne de ce son à son sujet. Alors, faisons-le avant qu’il ne soit trop tard.

Tout d’abord, pourquoi ce « s » entre parenthèses dans le titre ? Eh bien, le titre original était en chinois mandarin (M. Lin est taïwanais) et le titre officiel en japonais. Comme vous le savez peut-être, et  contrairement aux langues européennes, aucune de ces deux langues ne marque le pluriel sur ses noms. Il a donc été traduit en anglais parfois au pluriel et parfois au singulier. Dans un sens, le pluriel correspond mieux à l’histoire de l’œuvre, mais il se trouve aussi que cette pièce est la première d’une série de trois, et les deux autres sont toujours écrites avec le singulier en anglais, donc par souci de cohérence, le singulier est peut-être préférable.

Oh, et pourquoi est-ce que je dis que je dois en parler avant qu’il ne soit trop tard ? Eh bien, le Sunport de Takamatsu va connaître des changements majeurs dans les années à venir, car un grand projet de construction est sur le point de démarrer. Et en conséquence Beyond the Border – The Ocean sera déplacée (dans le meilleur des cas) ou démantelée (ce qui serait très triste).

Si vous voulez en savoir plus sur ce grand projet de construction auquel je viens de faire allusion, je vous invite à aller voir le blog de You Sakana (même si vous ne lisez ni l’anglais, ni le japonais, vous y trouverez les « plans » du futur projet).

Notez toutefois que si les premiers travaux ont débuté (le terrain de skateboard a été démonté), il a été annoncé la semaine dernière que l’inauguration a été repoussée d’un an jusqu’en à 2024, l’épidémie de coronavirus ayant déjà ralenti l’avancement du projet. Les architectes n’ont pas pu se rendre à Takamatsu depuis mars, et des changements s’imposent dans la conception du bâtiment, justement à cause du virus (par exemple, plus d’aérations, plus de points d’eau pour se laver les mains).

Mais revenons à nos moutons. Beyond the Border – the Ocean est arrivée dans la région de Setouchi en 2013, presque par surprise. Elle ne figurait pas parmi les œuvres listées pour la Triennale de 2013, ou plutôt, elle était répertoriée en tant qu’événement, ce qui était un peu trompeur avouons-le. Le fait est qu’elle a fait ses débuts en tant que petit théâtre pour une pièce spécifique. Oui, comme vous le verrez sur les photos ci-dessous, l’œuvre est fonctionnelle ! Il s’agit d’un petit théâtre avec une scène et des gradins.

À l’origine, elle était située sur la plage de Koh sur Teshima. L’endroit parfait à mon avis, mais aussi l’un des endroits les plus isolés de tous ceux hébergeant des œuvres d’Art de Setouchi. Donc pas le plus accessible.

Si vous voulez voir ma première rencontre avec elle, je vous invite à consulter ce vieil article :

Sauf qu’elle a fait un retour glorieux en 2016. Cette fois, dans un lieu qui pouvait sembler mal avisé à première vue, mais qui était en fait formidable à bien des égards. Le fait de pouvoir la voir très fréquemment n’étant pas le moindre.

Et donc, Beyond the Border – The Ocean est au Sunport de Takamatsu depuis. Mais pour combien de temps ? Personne ne le sait (oui bon, je suis sûr que du côté du comité organisateur et de la mairie, on le sait).

J’ai déjà posté pas mal de photos de l’œuvre sur ce blog et au fil des ans (vous les trouverez là si vous êtes intéressés), mais en fouillant dans mes archives avant d’écrire ce billet, j’ai retrouvé un tas de photos de 2016 que je n’avais jamais postées auparavant. Les voici donc :

Et voici ce qui est écrit sur le panneau de la dernière image :

Beyond the Border – The Ocean
Artiste : Lin Shuen Long
Matériaux : Bois flotté, Métal
Date d’installation : 2016
Dimensions : Longueur 20m x Largeur 9m x Hauteur 9m

L’apparence du “Bateau-Graine” est basée sur celle du fruit du Barringtonia indien. Les fruits du Barringtonia Indien, une “plante dériveuse”(*), se dispersant dans les zones océaniques de l’Australie, de l’Asie du Sud-Est, et même dans les zones maritimes de l’Afrique de l’Est, voyagent vers le nord depuis le Pacifique Sud via Taiwan, Okinawa, et le reste du Japon. Cette route de dérive coïncide avec la route des migrations humaines dans l’Antiquité. Il s’agit en fait d’un cadeau fait par le courant du Kuroshio pour que la tâche gigantesque d’élever les futures générations puisse être accomplie à l’époque des grandes migrations humaines.

Note(*) : La « plante dériveuse » est un néologisme attribué à l’artiste, M. Lin, qui signifie « une plante dont les fruits sont disséminés par les courants marins” et qui produit des graines ou des fruits qui vont flotter et dériver sur les océans.

Le bateau-graine a été construit à partir de grands morceaux de bois flotté laissés par le typhon Morakot et qui ont servi à l’armature principale de la structure, d’autres bois tels que le hêtre, le camphrier, le phoebe zhennan et le pin ont servi pour l’armature secondaire et la décoration extérieure. Ce faisant, non seulement l’artiste a construit une « graine » symbolique du bateau-graine qui pourrait dériver de nouveau, mais il a aussi représenté une miniature des forêts de Taïwan.

Quand on approche, on rencontre d’abord une île rocheuse sur laquelle est érigé un buffle doré représentant l’agriculture. On poursuit le long d’une rampe qui monte et descend comme un courant océanique et qui vous emmène à l’intérieur du bateau-graine. À l’entrée, une autre île rocheuse se trouve sous un gong taïwanais avec une grenouille représentant la nature vivant sur les îles. L’intérieur du bateau-graine est un espace sacré empli de lumière naturelle pénétrant depuis l’extérieur. Le bateau porte les enfants du monde entier debout sur sa proue, symbolisant l’espoir de l’humanité. Les enfants naviguent vers un magnifique océan galactique tout en regardant l’étoile polaire.

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille également de lire l’interview que Lin Shuen-long m’a accordée l’année dernière (en anglais).

Et finalement, voici une courte vidéo que j’ai filmé il a quelques semaines, après avoir appris l’imminence des travaux au Sunport, de peur que ce soit la dernière fois que je puisse approcher Beyond the Border – The Ocean.

Si vous aimez cette vidéo, n’oubliez pas de l’aimer dans Youtube, d’y laisser un commentaire et de vous abonner à ma chaîne. 🙂

Voila, c’est plus ou moins tout pour aujourd’hui. Comme mentionné précédemment, je ne sais pas du tout combien de temps l’œuvre va rester au Sunport. Vu que le gros des travaux a été repoussé, peut-être restera-t-elle encore un plus longtemps. Espérons qu’ensuite, nous la retrouvions ailleurs.


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