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Rainy Lane (雨の路地 – Rue Pluvieuse) de Kyoko Taniyama était une des œuvres temporaires du Setouchi International Art Festival située sur Ogijima.

Même si elle n’existe plus aujourd’hui, je vous en parle quand même, tout d’abord parce que je l’ai beaucoup aimée, mais aussi parce qu’elle était très instructive sur l’histoire d’Ogijima.

Le concept en est très simple. À trois endroits différents d’Ogichō étaient placées des installations telles que celle-ci :

 

Rainy Lane

 

 

Plusieurs fois par jour de l’eau en coulait, provoquant de mini-averses à ces trois endroits-là (et si vous vous trouviez sous les bassines de la photo précédente à ce moment-là, c’était la douche assurée). Aux deux autres emplacements, les risques étaient moindres :

 

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Mais là, je ne vous ai montré qu’une moitié de l’œuvre, car sous ces « arrosoirs » se trouvaient des tuiles qui, une fois mouillées, révélaient des phrases extraites d’interviews que l’artiste a conduites auprès des gens de l’île. Quand les tuiles séchaient, les phrases disparaissaient. Oui, bon ça c’était la théorie ; quand j’ai vu l’œuvre, je ne sais pas si c’est parce qu’elle venait de passer trois mois dehors (dont plus d’un mois à près de 40 degrés au soleil) ou si c’était le fait de se faire arroser plusieurs fois par jour, mais les phrases étaient visibles tout le temps. Mais bon, cela n’est pas bien important, au contraire, j’ai ainsi pu toutes les voir ou presque.

Rainy Lane

 

 

Je vous cite ces phrases traduites en français :

La vie sur Ogijima est formidable.


Il y a une tortue géante qui relie Ogijima à Megijima.

J’aimerais connaître les détails de cette légende, un jour peut-être.

 

Les chutes de pluie sont rares sur Ogijima, par conséquent, il n’y avait que peu de réservoirs à eau de pluie.


Nous devions aller jusqu’au puits du Kami pour faire notre lessive!

Si j’ai bien compris, il n’y avait qu’un seul puits sur Ogijima, là encore, j’espère connaitre les détails lors d’une prochaine visite. Je crois l’avoir vu, mais je ne voudrais pas dire de bêtises.

 

L’eau était plus précieuse que l’argent.


Les canalisations pour l’eau courante sont arrivées par bateau en 1975.


Il y avait un bœuf dans chaque foyer. Chaque foyer avait son propre bœuf.

 

Au Printemps et à l’Automne, le bœuf aidait à labourer les champs.

 

Le bœuf de la maison aidait à transporter les sacs de riz.

 

Ce dernier élément, cette histoire de bœuf, je l’ai apprise en octobre dernier, et c’est un élément de la culture d’Ogijima que je trouve assez fascinant.
Comme mentionné ci-dessus, chaque foyer possédait son propre bœuf qui était indispensable à la vie de la famille. Comme indiqué, il servait à porter les lourdes charges du port à la maison, il servait à labourer les champs, mais il avait une autre utilisation beaucoup plus originale, voire unique à ma connaissance : les habitants d’Ogijima louaient leur bœuf aux habitants de Takamatsu. Pour quoi faire ? C’est simple. Comme vous l’avez compris, l’eau était quelque chose de plutôt rare sur Ogijima, donc il était hors de question d’y cultiver du riz. Par conséquent, les gens d’Ogijima louaient leur bœuf à des gens de Takamatsu qui n’avaient pas (ou pas assez) de bœufs pour planter ou récolter le riz, et l’argent gagné par cette location leur servait à acheter – entre autres – du riz. Je suppose aussi qu’ils étaient directement payés en nature par les cultivateurs de riz.

Encore une œuvre aussi ludique qu’instructive que cette Rainy Lane, s’ajoutant à la longue liste des œuvres respectant et rendant hommage à la culture des gens des îles de la Mer de Seto.

 

4 commentaires sur “Rainy Lane”

  1. J’adore, je trouve l’installation très poétique… Et puis, en ce moment c’est un printemps sec sur Paris. Entendre le chant de la pluie me rend toute nostalgique.

    1. Oui, cette installation était vraiment super, je regrette qu’elle n’ait pu être permanente (même si je comprends bien pourquoi).

      Nostalgique de la pluie ? C’est rare ça par contre. Même si je sais que l’on se dirige vers un été problématique en France s’il ne commence pas bientôt à pleuvoir, d’un point de vue purement égoïste, je ne serais pas malheureux de ne jamais la revoir.
      Paradoxalement j’adore les pluies chaudes tropicales, mais la plus française, qui te fait tomber la température de 10 degrés sinon plus et qui te refile la crève si tu étais dessous, beurk…

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